Éditorial

Gilbert Boileau
Président, Adecco Canada

Parlons plutôt d’évolution

Les milieux de travail sont en constante mutation. Et si je prends l'intelligence artificielle (IA) comme exemple, je suis convaincu qu’elle nous aidera à évoluer et à redéfinir le monde du travail. Plusieurs tirent la sonnette d’alarme et s’inquiètent du sort qui nous attend, mais j’estime plutôt que l’humain tirera profit de ces transformations.

Il faut savoir que chaque génération a vu apparaître des technologies perturbatrices qui nous ont rendus plus productifs. L’histoire est remplie d’exemples de nouvelles technologies qui ont suscité des réactions partagées. Je pourrais citer la révolution industrielle survenue il y a près de 250 ans, où les experts de l’heure prédisaient que les machines mécanisées allaient mettre au chômage tous les travailleurs d’usine – je vais plutôt m’attarder à l’univers des TI des années 1970 et 1980. L’époque où les systèmes d’information commencent à sortir des salles informatiques et à se répandre dans les entreprises. Des milliers d’emplois de bureau allaient être perdus, le taux de chômage allait grimper, nous avertissaient les techno-pessimistes… et nous voici, quarante ans plus tard, avec une main-d’œuvre bien loin d’être décimée. À l’opposé, les techno-optimistes nous promettaient un milieu de travail sans papier dès le milieu des années 1990 – j’attends toujours!

Tout ça pour dire que la réalité engendrée par une percée technologique se situe toujours quelque part entre les prédictions des pessimistes et celles des optimistes. D’ailleurs, ce qui semble être une percée est plus souvent la somme de changements progressifs qui, réunis, créent un environnement propice à la nouveauté. L’IA a beau passer pour une révolution, elle tire son origine des systèmes « experts » de la fin des années 1980 et des systèmes d’apprentissage machine des années 1990. Des développements rendus possibles par la disponibilité de processeurs plus puissants et moins chers, l’avènement de l’internet et des appareils mobiles, et une plus grande capacité de partage de données.

Si l’on se fie à l’histoire de l’IA, je crois qu’elle continuera de se développer, mais beaucoup plus lentement que ce que nous annoncent les optimistes ou les pessimistes. En d’autres mots, pour le meilleur ou pour le pire, il y aura évolution, mais pas révolution. D’ailleurs, l’IA fait déjà partie de notre quotidien : elle détermine ce que vous voyez sur Facebook et votre trajet sur Waze. Et sans que vous en soyez nécessairement conscient, elle s’immisce dans vos interactions de service à la clientèle. L’IA est déjà omniprésente. Elle a amélioré nos vies, aucun doute là-dessus, mais elle n’a pas fondamentalement changé le destin de l’homo sapiens.

Dans ce numéro de Lēad,

Mya Systems explore en quoi l’IA fait de nous de meilleurs recruteurs, contextere nous explique comment elle amplifie les capacités de la main-d’œuvre dans le secteur industriel léger, et Discount location d’autos et camions nous parle de bornes de location qui lui permettent de servir sa clientèle de nouvelles façons.

Ces articles dépeignent un futur où l’IA aide les travailleurs à exécuter leurs tâches. Mais l’IA présentera aussi à court terme des défis. Piccolo Heath LLP y fait allusion dans son texte sur les enjeux juridiques associés à l’intégration d’une nouvelle technologie en milieu de travail, tandis que Raufoss Technology Canada explique comment elle a réussi à pallier une pénurie de main-d’œuvre dans son usine semi-automatisée par la création d’un programme de formation.

Enfin, nos collaborateurs s’intéressent aux tendances qui façonneront le marché du travail. Des professionnels à la pointe de leur domaine nous livrent leur vision du futur : un expert des RH nous parle de stratégies de rétention avant-gardistes, et un recruteur spécialisé en ingénierie réfléchit à ce qui attend son métier. Pour conclure, Versature explore les tendances du milieu de travail d’aujourd’hui, et Business Sherpa Group nous fait découvrir de nouvelles opportunités pour les PME.

Nous espérons que vous aurez plaisir à découvrir avec nous l’avenir du travail dans ce numéro de Lēad.