The Growcer : une jeune entreprise d’Ottawa révolutionne le monde avec sa solution de sécurité alimentaire

Alida Burke
Cofondatrice et chef de l’exploitation, The Growcer
Culture de laitue dans la serre-conteneur de Churchill, au Manitoba.

Entre les appels avec des clients potentiels, les présentations de leur solution novatrice de sécurité alimentaire et le recrutement de nouveaux talents, Alida Burke et Corey Ellis, cofondateurs de The Growcer, ne chôment pas. Actuellement établis dans l’accélérateur iO, le programme d’accélération d’entreprises à guichet unique géré par Investir Ottawa aux Cours Bayview à Ottawa, les deux jeunes entrepreneurs gardent quand même le sourire, et à juste titre. Intéressant de plus en plus les médias internationaux, comme Fast Company, qui a classé l’idée de The Growcer parmi les 12 innovations à même de révolutionner le monde alimentaire en 2018, l’entreprise est maintenant courtisée par des clients potentiels et des investisseurs d’ici et d’ailleurs. Et ce n’est pas étonnant. L’entreprise sociale d’Ottawa propose une solution technologique viable et rentable qui s’attaque à un problème mondial : la production locale fiable, durable et efficace de nourriture dans les régions éloignées au climat rigoureux.

Parfait exemple d’une idée révolutionnaire qui améliore les conditions de vie d’une communauté, le système de culture hydroponique clés en main créé par The Growcer redéfinit la notion d’entrepreneuriat social. Avec sa solution viable qui autonomise les communautés, The Growcer montre qu’il est possible de faire de la promotion de la diversité une pratique d’entreprise. S’appuyant sur sa vision claire de la manière d’améliorer le sort des communautés mal desservies, The Growcer connaît un succès qui témoigne de la contribution au bien commun que peut apporter une entreprise en s’employant à répondre aux besoins des diverses collectivités et à favoriser l’équité.

À titre de jeune entrepreneure, Alida Burke, cofondatrice et chef de l’exploitation de The Growcer, sait ce qu’il faut pour changer le statu quo. Elle nous raconte son parcours entrepreneurial, décrit sa vision d’un avenir où chacun jouirait de la sécurité alimentaire et réfléchit aux nombreuses possibilités qui s’offrent aux entrepreneurs sociaux du Canada.

Une idée qui germe

Les statistiques le montrent clairement : après plus d’une décennie de progrès en matière de sécurité alimentaire, le nombre de personnes qui luttent chaque jour contre la faim et la malnutrition a de nouveau augmenté. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre de personnes sous-alimentées est passé à près de 821 millions en 2017, par rapport à environ 804 millions en 2016. Après des décennies d’amélioration, ce recul a quelque chose d’inquiétant. En outre, une femme sur trois en âge de procréer dans le monde souffre d’anémie, ce qui a des conséquences importantes sur sa santé et son développement, ainsi que sur ceux de ses enfants.

La serre-conteneur de l’Université d’Ottawa, où l’on cultive les aliments servis à la cafétéria.
Serre-conteneur de The Growcer située à Kugluktuk, au Nunavut.

En tant qu’étudiants de l’Université d’Ottawa, Corey Ellis et moi sommes allés à Iqaluit, en collaboration avec Enactus. Nous y avons pris conscience des défis de la production alimentaire dans le climat inhospitalier du Grand Nord. J’ai été frappée par les problèmes de sécurité alimentaire avec lesquels devaient composer ses habitants. Bon nombre d’entre eux n’ont pas accès à une source fiable de nourriture abordable et nutritive en quantités suffisantes pour mener une vie active et saine. On estime que 7 enfants inuits d’âge préscolaire sur 10 sont en situation d’insécurité alimentaire en raison des changements auxquels est confrontée cette société de chasseurs-cueilleurs. Selon le Conseil des académies canadiennes, c’est le taux d’insécurité alimentaire le plus élevé parmi tous les peuples indigènes d’un pays développé.

Corey et moi avons travaillé étroitement avec les collectivités inuites pour bien cerner leurs besoins. Puis, nous nous sommes employés à trouver une solution abordable. Nous en sommes arrivés à The Growcer, qui aide les personnes à prendre leur système alimentaire en main.

« Pour chaque dollar investi dans une unité AGS, on obtient plus de 19,48 $ en rendements et en économies directes pour le gouvernement. C’est énorme pour une collectivité nordique. »

Opportunités pour les entrepreneurs

Nous avons fait nos premiers pas grâce au Garage Démarrage de l’Université d’Ottawa, en collaboration avec plusieurs partenaires en Alaska. En nous joignant au programme d’accélération d’entreprises d’Investir Ottawa (la principale agence de développement économique de la ville), nous avons vendu notre premier Arctic Growing System (AGS) IV au Canada. Il y a maintenant 15 AGS installés en Amérique du Nord, soit en Alaska, aux Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, au Manitoba, en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse.

Grâce au précieux soutien d’Investir Ottawa, de la Ville d’Ottawa et de FedDev Ontario, nous avons aussi installé l’un de nos systèmes où nous sommes établis, aux Cours Bayview. Les innovateurs, développeurs de technologies, entrepreneurs, entreprises en démarrage et en développement et futurs entrepreneurs d’Ottawa peuvent ainsi mettre à l’essai, valider et perfectionner des innovations, des technologies, des produits et des processus agricoles dans un cadre ouvert et unique. Nous avons eu l’honneur de le faire visiter au premier ministre Justin Trudeau et de lui en démontrer le potentiel en avril 2018.

Nous avons même eu l’occasion de présenter notre produit aux investisseurs de Dragon’s Den à CBC, et réussi à obtenir un financement de 250 000 $. J’étais aux anges. Nous travaillions alors sur The Growcer depuis plus de deux ans, et l’idée d’un tel apport en capital nous encourageait beaucoup. Étant donné la croissance que nous avions déjà connue, nous avons cependant décidé de refuser cet investissement. Mais la porte reste ouverte, au cas où nous changerions d’idée.

Les employés de The Growcer.
Les employés de The Growcer.

L’analyse de cas

On croit à tort que la production alimentaire locale n’est pas rentable. Par exemple, pour chaque dollar investi dans une unité AGS, on obtient plus de 19,48 $ en rendements et en économies directes pour le gouvernement. C’est énorme pour une collectivité nordique.

En plus, une unité AGS peut être installée dans toutes les régions inhospitalières du monde, ce qui est particulièrement utile dans les déserts et les autres endroits éloignés. Les communautés, tout comme les secteurs de la défense et de l’industrie, y gagnent au change.

Nos unités sont aussi les bienvenues dans les emplacements où de grandes quantités d’aliments sont nécessaires et où, en raison de cette demande, la nourriture n’est pas aussi nutritive qu’elle le devrait. Notre partenariat avec l’Université d’Ottawa nous a rapprochés de Chartwells Canada, un important fournisseur de services alimentaires qui sert des repas aux étudiants universitaires et collégiaux de partout au pays. Nous sommes ravis d’avoir conclu une entente visant l’installation de nos systèmes sur des campus de partout au pays. Moi-même récemment diplômée, je suis enchantée de savoir que les étudiants profiteront d’aliments plus frais et sains dans les cafétérias du Canada.

Le premier ministre Justin Trudeau visite la serre de démonstration aux Cours Bayview.

Conseils pour les jeunes entrepreneurs et les femmes bâtisseuses

Je crois que les femmes et les jeunes doivent apprendre à sortir de leur zone de confort. Nous avons tendance à sous-estimer nos capacités ou à ne pas nous sentir à notre place dans une pièce remplie d’hommes plus âgés. Mais courir des risques est toujours payant. Il faut aussi rester curieux, continuer d’apprendre et ne jamais se satisfaire du statu quo.

Réflexions

Certains disent : « Si j’avais su à quel point ce serait difficile, jamais je ne me serais lancé, mais heureusement que je l’ai fait! », et c’est mon cas. Nous avons rencontré notre lot de difficultés avec The Growcer, mais je suis heureuse que nous soyons restés fidèles à notre vision.

La vérité, c’est que de mes plus grands défis sont nées mes plus grandes réussites. Certains disent aussi : « Si c’était facile, tout le monde le ferait », et cela s’applique à The Growcer. C’était difficile. Personne ne voulait appuyer notre idée folle de production alimentaire nordique. Le démarrage d’une entreprise dans le secteur de la fabrication n’a rien de facile, même pour les entrepreneurs chevronnés. Comme nous avons développé notre premier prototype tout en poursuivant nos études, nous étions incroyablement occupés. Quand j’y repense, je me demande comment je trouvais le temps de dormir.

Mais le jeu en valait la chandelle. Notre entreprise compte maintenant dix employés aux compétences variées. C’était très stimulant pour nous d’accueillir nos premiers employés, parce qu’ils adhèrent complètement à notre vision de la durabilité et de la sécurité alimentaire, et qu’ils contribuent à la concrétiser.

À vrai dire, je n’avais pas prévu devenir entrepreneure. Mais j’ai constaté un problème auquel je savais qu’il existait une solution. Ce fut mon catalyseur. Je savais que nous pouvions trouver un moyen d’assurer la sécurité alimentaire des peuples du Nord. Et je suis heureuse que notre idée facilite maintenant l’approvisionnement en aliments frais, sains et nutritifs partout où leur culture est difficile.

Il est temps que le monde entier se tourne vers l’entrepreneuriat, l’innovation et l’inclusion au profit de la société. Nous devons absolument trouver des solutions qui améliorent les conditions de vie de chacun – plutôt que de se soucier seulement de la valeur pour les actionnaires – alors que nous devons faire face aux changements climatiques, au creusement de l’écart entre les riches et les pauvres et à la révolution industrielle 4.0 qui découle de l’intelligence artificielle, de l’Internet des objets et de l’apprentissage automatique.

« Nous devons absolument trouver des solutions qui améliorent les conditions de vie de chacun... alors que nous devons faire face aux changements climatiques, au creusement de l’écart entre les riches et les pauvres. »

Fondée à l’Université d’Ottawa en 2016, The Growcer a créé un système à la fine pointe qui facilite la production de fruits et légumes frais en alliant des technologies hydroponiques et des dispositifs permettant le contrôle précis du climat. Son système phare, l’Arctic Growing System (AGS) IV, est installé dans des conteneurs d’expédition adaptés et isolés. Il permet la production annuelle de plus de quatre tonnes d’aliments dans des températures pouvant descendre jusqu’à -52 °C. Cette solution novatrice de sécurité alimentaire fait déjà ses preuves dans 12 régions d’Amérique du Nord, y compris dans des collectivités autochtones du Canada.

The Growcer a à l’heure actuelle installé 15 AGS en Amérique du Nord, notamment aux endroits suivants :

  • Dutch Harbor, Alaska
  • Dillingham, Alaska
  • Anchorage, Alaska
  • Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest
  • Churchill, Manitoba
  • Ottawa, Ontario
  • Kuujjuaq, Québec
  • Kentville, Nouvelle-Écosse
  • Kugluktuk, Nunavut
  • Norway House, Manitoba

À propos d’Investir Ottawa

Investir Ottawa est la principale agence de développement économique de la capitale du Canada. Pour contribuer à faire d’Ottawa une ville non seulement innovante, tournée vers l’avenir et reconnue mondialement, mais aussi idéale pour apprendre, travailler, vivre et s’amuser, elle fournit aux entrepreneurs de nombreux programmes et services : formation pour petites entreprises, mentorat, accélération d’entreprises de technologie, attraction d’entreprises et d’investissements étrangers, maintien et expansion d’entreprises locales dans des secteurs ciblés, commercialisation et promotion de la diversité économique et de la qualité de vie dans la région. Depuis 2012, Investir Ottawa a travaillé avec des milliers d’entreprises en démarrage et en expansion. Elle les a aidées à mobiliser 322 millions de dollars en capitaux, à créer plus de 6 350 emplois et à attirer 293 millions de dollars en investissements directs étrangers. Pour en savoir plus, visitez www.investottawa.ca/fr.

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Crédits photo
1 (La photo derrière le titre) Churchill Northern Studies Centre
2-5 The Growcer
6 Investir Ottawa

Alida Burke, Cofondatrice et chef de l’exploitation, The Growcer

Alida Burke

Cofondatrice et chef de l’exploitation, The Growcer

Alida est cofondatrice et chef de l’exploitation de The Growcer. Sa vision pour l’entreprise : permettre aux communautés de par le monde de prendre en main leur destinée grâce à la technologie, au commerce et à l’éducation. Diplômée de l’Université d’Ottawa, Alida a commencé à s’intéresser à l’entrepreneuriat social au sein de l’organisme étudiant Enactus, qui l’a amenée à travailler avec les communautés autochtones et du Nord du Canada. Elle étudie présentement pour obtenir son titre de comptable professionnelle agréée et profite de ses temps libres pour chercher sa prochaine destination de voyage et faire de la randonnée.

The Growcer | Twitter

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Cet article est tiré du magazine Lead numéro 23. Vous aimez? Abonnez-vous pour ne rien manquer!

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