Dans les petits pots, les meilleurs onguents : l’avenir du monde du travail sourit aux PME
Innover ou subir
Les entreprises subissent une pression énorme : qu’elles le veuillent ou non, elles doivent se transformer pour s’adapter aux nouvelles réalités. Les gigaentreprises axées sur des structures hiérarchiques, des processus linéaires et le contrôle d’actifs, de renseignements et de talents sont particulièrement vulnérables à l’arrivée d’entreprises perturbatrices. En outre, les membres, les clients et les consommateurs en veulent toujours plus pour leur argent et exigent une expérience de qualité. Enfin, les nouvelles technologies démocratisent l’information, d’où l’émergence de plateformes intelligentes et de solutions en temps réel.
Observons ce qui a déjà changé. Plusieurs secteurs sont perturbés par la venue d’options accessibles et adaptées aux mobiles :
- L’industrie hôtelière avec Airbnb;
- Le secteur bancaire avec M-Pesa, la plus grande plateforme de transfert d’argent au monde;
- Le cinéma avec Netflix et d’autres services de divertissement sur demande.
Dans ce climat de perturbation des modèles d’affaires qui semblaient immuables, les petites et moyennes entreprises (PME) sont bien placées pour concurrencer les grandes sociétés dans le monde de demain. Pourquoi? Parce qu’elles doivent déjà réfléchir et s’organiser différemment. L’adoption de modèles d’affaires inédits, de technologies facilitantes et de nouveaux modes d’organisation du travail n’est plus un choix, mais bien une nécessité. En effet, les PME qui s’accrochent à des structures désuètes et à de vieux modèles d’affaires inspirés des grandes sociétés – qui ont beaucoup plus de ressources qu’elles – risquent de perdre leur pertinence. Cette conjoncture recèle de belles occasions pour les entreprises courageuses et des menaces réelles pour celles qui s’entêtent à maintenir le statu quo.
Quels sont les moteurs de changement?
Les technologies
S’il est vrai que l’explosion des logiciels-services (modèle SaaS) entraîne une automatisation croissante des processus, ces logiciels abordables peuvent aider les PME. L’époque des énormes progiciels de gestion intégrés et autres logiciels personnalisés est révolue : on trouve aujourd’hui d’excellentes plateformes infonuagiques par abonnement qui prennent en charge des processus simples ou extrêmement complexes.
Possiblement plus intéressantes encore que les logiciels-services, les technologies participatives offrent aux entreprises la possibilité de s’adjoindre des ressources externes qui pourront contribuer à la création de produits ou à la prestation de services. Ces technologies aident les entreprises à sortir de leur cadre traditionnel en puisant dans la population de nouvelles idées, solutions, compétences ou connaissances. La plateforme d’externalisation ouverte Topcoder, par exemple, permet à des développeurs du monde entier de travailler sur divers projets pour des organisations aussi prestigieuses que Google, eBay, IBM et la Harvard Medical School. Il existe également des plateformes de suggestion d’idées grâce auxquelles les entreprises peuvent solliciter des acteurs externes. Leurs partenaires, leurs clients ou leurs membres peuvent ainsi proposer des idées et participer à l’élaboration de solutions.
Enfin, la multiplication des données et la facilité d’accès à l’information accélèrent le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos vies personnelles et professionnelles. Les entreprises devront apprendre à se concentrer sur l’essentiel en départageant les tâches qui nécessitent les compétences et l’expérience d’un humain des processus routiniers impliquant de vastes quantités de données, processus où excelle l’intelligence artificielle.
Les gens et la démographie
À l’heure où la population vieillit, où les organisations s’arrachent la main-d’œuvre et où tous recherchent un meilleur équilibre, les employés ne veulent plus travailler n’importe comment ou pour n’importe qui. La fidélité à une entreprise ou à un emploi décline rapidement : l’employé moyen passera 30 ans sur le marché du travail, mais pas plus de 5 ans au même endroit. De plus en plus de gens – tous âges et stades de carrière confondus – choisissent un contexte de travail qui sied à leur mode de vie et bougent rapidement quand leurs besoins changent.
Par ailleurs, comme les technologies facilitent le travail virtuel ou à distance, l’entrepreneuriat devient un choix de carrière de plus en plus viable. Beaucoup de gens deviennent travailleurs autonomes pour offrir leurs services à différentes organisations qui en ont besoin. Les gens ne veulent plus que leur avenir professionnel dépende des décisions d’embauche d’un employeur : ils prennent leur carrière en main et, au lieu de mettre tous leurs œufs dans le même panier, travaillent sur plusieurs fronts pour réduire les risques et accroître leurs revenus.
Les nouveaux modèles d’affaires
Grâce aux nouvelles technologies, les entreprises peuvent facilement confier leurs tâches périphériques à des équipes virtuelles. Ces équipes de professionnels de la finance, des ressources humaines et du marketing fournissent sur demande l’expertise dont l’entreprise a besoin. D’autres nouveaux modèles offrent la possibilité de partager des bureaux, des infrastructures commerciales et d’autres outils, sans oublier toutes les occasions de partage d’idées et de connaissances et les possibilités de partenariats nouveau genre que procure l’émergence d’espaces de travail collaboratif comme les accélérateurs et les incubateurs d’entreprises.
« L’adoption de modèles d’affaires inédits, de technologies facilitantes et de nouveaux modes d’organisation du travail n’est plus un choix, mais bien une nécessité. »
Les pressions économiques
Les entreprises doivent se battre pour obtenir du financement de plus en plus limité et assorti de nombreuses conditions. Le financement des frais généraux s’avère particulièrement difficile : les bailleurs de fonds exigent que leur argent soit consacré à des activités ou des programmes particuliers ou offrent du financement conditionnel à l’atteinte d’un jalon important. Les OSBL et les jeunes entreprises de haute technologie, notamment, ont accès à peu de canaux de création de valeur à court et à long terme. Ils sont donc particulièrement bien placés pour profiter des nouveaux modèles ultraflexibles présentés plus haut.
Les attentes des différents acteurs
Les bailleurs de fonds, les membres, les clients, les actionnaires et les conseils d’administration recherchent une valeur claire et distinctive. Bailleur de fonds qui offre un financement conditionnel à la production d’un livrable ou à l’atteinte d’un jalon, actionnaire activiste qui exige une transparence accrue et un meilleur rendement… Différents acteurs mettent de la pression sur toute l’équipe pour l’amener à optimiser ses activités et à exploiter son plein potentiel. Si les entrepreneurs n’ont pas le choix de porter plusieurs chapeaux au départ, ceux qui tardent à s’en délester voient leur efficacité chuter rapidement, tant dans leur travail principal que dans leurs tâches connexes.
Comment les PME peuvent-elles se préparer?
On prévoit que 80 à 90 % de l’économie risque d’être perturbée; personne n’est à l’abri1. Dans ce contexte, les PME ont tout intérêt à s’inspirer des organisations les plus performantes et audacieuses pour accroître leur rendement.
- Trouver de bonnes occasions de partage : En optant pour des espaces de travail collaboratif ou des infrastructures partagées, les PME profitent d’un plus grand réservoir d’énergie, de connaissances et de créativité.
- Repenser la création de valeur : Les technologies facilitantes et les plateformes de ludification offrent aux entreprises la possibilité d’interagir avec la population, mais également de l’inviter à proposer des idées ou à participer à l’élaboration de solutions.
- Chercher des partenariats hors des sentiers battus : Dans un monde où l’information abonde, votre entreprise n’est pas forcément unique en son genre. Un partenariat avec une autre entreprise qui offre des produits et services connexes ou complémentaires peut s’avérer fort profitable.
- Créer une structure sensée : Chaque entreprise doit départager les fonctions porteuses de valeur des simples processus routiniers ou activités intermittentes. Elle peut désormais confier les tâches périphériques – finances, ressources humaines et marketing, notamment – à des équipes virtuelles ou fractionnées. Le recours à des pigistes ou à l’externalisation ouverte pour certaines tâches ou parties de projets peut également s’avérer judicieux.
On ne peut échapper au changement, mais les PME sont bien placées pour tirer leur épingle du jeu. Celles qui se préparent aujourd’hui pour l’avenir deviendront les entreprises perturbatrices de demain.
Margo Crawford, MBA, IAS.A.
Présidente-directrice générale, Business Sherpa Group
Margo Crawford est devenue une référence sur les questions de stratégie, de finances, de ressources humaines et de gouvernance des PME. Fondatrice et présidente-directrice générale de la firme de services-conseils Business Sherpa Group, elle s’est entourée d’une équipe de quelque 70 personnes qui a accompagné plus de 250 entreprises et OSBL à divers stades de développement partout en Amérique du Nord. Margo travaille en gestion des ressources humaines et des opérations pour des entreprises technologiques, des organismes publics et des OSBL depuis 25 ans. Elle siège actuellement au conseil d’administration de Digital Opportunity Trust (DOT), du Réseau d’Ottawa pour l’éducation (ROPE) et de la Fondation du Musée canadien de la nature ainsi qu’au comité des grands visionnaires d’Investir Ottawa.
LinkedIn | Business Sherpa Group
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