La semaine de cinq jours est si ancrée dans notre culture du travail qu’on a l’impression qu’elle est là depuis la nuit des temps, pas vrai?
Faux! Il y a 95 ans, Henry Ford (fondateur de la Ford Motor Company) a révolutionné le monde du travail en introduisant la semaine de 40 heures sur cinq jours. Elle est venue remplacer la semaine de six jours et ses quarts de huit heures ou plus, autrefois la norme.
En 2022, une deuxième révolution se dessine à l’horizon, à mesure que la semaine de quatre jours gagne du terrain partout dans le monde. La nouvelle norme du 21e siècle?
Dans cet article, nous nous penchons sur le concept et ses répercussions pour les employeurs.
L’émergence de la semaine de travail à quatre jours
L’idée ne date pas d’hier. Pourtant, si elle circule depuis des décennies entre rumeurs et bruits de couloir, la pandémie semble avoir attisé l’intérêt du public.
Encore un symptôme de la COVID-19 pour le marché du travail, qui doit maintenant faire des efforts pour mieux protéger la santé mentale des employés.
Le Groupe Adecco a récemment publié un article intitulé « La semaine de quatre jours : le remède miracle contre l’épuisement professionnel? », un passage en revue des grandes tentatives d’adoption de la semaine raccourcie à l’international (notamment en Islande, en Belgique et au Royaume-Uni).
Et au Canada, alors? Quelles sont les stratégies mises en place par les employeurs pour mieux concilier travail et vie personnelle?
Comme nous le verrons plus loin, quelques entreprises avant-gardistes donnent le la. Leurs données et leurs approches captivent l’attention, à tel point que le Parti libéral de l’Ontario a annoncé qu’il mettrait à l’essai la semaine de quatre jours s’il remportait les élections de 2022.
La semaine de quatre jours au Canada : deux structures différentes
À chaque entreprise ses besoins : il n’y a donc pas de solution universelle. Type de secteur, besoins opérationnels, salaire horaire ou annuel… autant de facteurs à prendre en compte pour les employeurs lorsqu’ils évaluent la faisabilité d’un modèle différent.
Deux approches populaires semblent se dégager du lot. Jetons-y un œil :
Scénario 1
- 4 jours de travail (souvent du lundi au jeudi)
- 32 heures par semaine (journées traditionnelles de 8 heures)
- Rémunération et avantages sociaux inchangés
Le scénario 1 correspond à une véritable semaine de quatre jours, dans le sens où les employés travaillent moins d’heures au total.
Des exemples au Canada : Au Juno College, une école professionnelle basée à Toronto, les 45 employés transitionnent en 2022 vers cette semaine de 32 heures sur quatre jours. La rémunération reste la même, malgré la diminution du nombre d’heures.
Dans le même esprit, une entreprise torontoise de génie logiciel nommée Alida Inc. lancera son projet pilote en juillet 2022, libérant le vendredi sans toutefois toucher aux salaires et aux avantages sociaux. Dans les deux cas, c’est la pandémie qui a poussé l’organisation à changer de modèle pour préserver le bien-être de son personnel.
Scénario 2
- 4 jours de travail (souvent du lundi au jeudi)
- 40 heures par semaine (journées plus longues de 10 heures)
- Rémunération et avantages sociaux inchangés
Aussi appelée « semaine de travail comprimée », cette approche voit les employés travailler autant d’heures sur une période plus courte.
Des exemples au Canada : En Ontario, le gouvernement municipal du canton de Zorra a adopté la semaine de 40 heures sur quatre jours en décembre 2021. Les employés travaillent dix heures par jour, du lundi au jeudi ou du mardi au vendredi. D’après les chiffres, 73 % des 30 employés du canton souhaitaient faire la transition pour de bon après la fin du projet pilote.
Ces résultats reflètent ceux d’un sondage récent de Maru Public Opinion montrant que 79 % des employés canadiens à temps plein préfèrent travailler quatre journées de dix heures.
Outre ces deux scénarios privilégiés, il existe de nombreuses solutions pour améliorer la flexibilité des employés. Certaines entreprises s’essayent à des semaines de travail plus courtes en été pour profiter du beau temps, ou à des semaines « cadeau » de quatre jours à raison d’une fois par mois.
Adecco Canada a testé la semaine raccourcie à l’interne pendant le mois de janvier 2022. Actuellement, Adecco recueille les rétroactions des employés pour évaluer leur degré de satisfaction par rapport au projet pilote et leur intérêt à réitérer l’expérience.
La semaine de quatre jours du point de vue des employeurs
Naturellement, de nombreux employeurs canadiens hésitent à adopter ce nouveau format, surtout dans la mesure où les données nationales et internationales émergent à peine et proviennent d’études de petite envergure. Les conséquences de la semaine de quatre jours sur la rentabilité doivent aussi être évaluées au cas par cas, ce qui n’est pas une mince affaire.
Il faut toutefois remarquer que la corrélation entre productivité et nombre d’heures travaillées n’est pas aussi directe qu’on pourrait le penser. Débourser autant d’argent pour recevoir moins d’heures en retour peut sembler contre-intuitif, mais de nombreuses études montrent que la productivité augmente (au Japon, Microsoft rapporte même un bond de 40 %) quand les heures diminuent : les retombées positives sur l’équilibre travail-vie personnelle se reflètent dans la qualité du travail.
En outre, sur notre marché du travail marqué par la concurrence, la flexibilité est un argument décisif en entrevue. Que leur entreprise puisse ou non mettre en place la semaine de quatre jours, tous les employeurs ont intérêt à prendre le vent de flexibilité qui souffle sur le marché du travail. Du point de vue des chercheurs d’emploi, cet avantage devient de plus en plus indispensable.
Les employeurs attireront, recruteront et retiendront plus de talents s’ils acceptent de rompre le statu quo et de miser sur la flexibilité pour entrer de plain-pied dans l’avenir du travail. Besoin d’experts en recrutement pour bâtir l’avenir de votre entreprise? Les spécialistes d’Adecco se tiennent prêts pour vous : appelez-nous dès aujourd’hui!