Voilà que le mois le plus rapide de ma vie prend fin. J’ai terminé mon mandat de PDG pour un mois d’Adecco Canada, pendant lequel j’ai accompagné son président Gilbert Boileau, et nul doute que je le considérerai toujours comme l’une de mes expériences professionnelles les plus transformatrices et déterminantes.
Mes attentes et la réalité du programme
Lorsque j’ai appris que l’édition de cette année allait être virtuelle, j’avais quelques appréhensions : problèmes de connexion Internet, difficulté à tisser des liens en ne faisant que des vidéoconférences, incapacité à offrir de la valeur à Adecco et manque de transparence des activités et des employés.
Comme je m’étais trompé!
C’était exaltant d’assister aux côtés de Gilbert à toutes ces réunions, jour après jour. Tout le monde était incroyablement accueillant et très réceptif à mes idées. L’enthousiasme avec lequel ils les ont écoutées et mises à exécution en dit long sur ce programme extraordinaire. Lors des réunions, les membres de l’équipe de direction, les autres PDG, les vice-présidents, les directeurs de succursale et tous les autres employés m’ont toujours invité à m’exprimer. En plus de mes journées chargées et de ce que j’avais à faire pour processus de sélection du PDG mondial, on m’a confié deux projets stratégiques d’une grande importance pour toute l’entreprise.
J’ai toujours profité de mes conversations et bilans quotidiens avec Gilbert, des réunions avec l’équipe de direction, des visites des succursales et des rencontres individuelles avec les vice-présidents et les autres gestionnaires pour apprendre de gens brillants.
J’aimerais vous partager quelques-unes des leçons de vie que j’ai apprises.
Leçons de vie
Établir les priorités : séparer le bruit du signal
Imaginez la scène : vous traversez une vallée magnifique en voiture, accompagné de vos amis. Vous chantez tous ensemble une chanson qui passe à la radio. Vous sentez le vent qui entre par les fenêtres ouvertes et votre sourire est aussi éclatant que le soleil. Vous profitez intensément du moment, jusqu’à ce que les montagnes créent de l’interférence avec la radio, déformant totalement la qualité sonore. Tout le monde cesse de chanter, sauf vous, car vous connaissez la chanson par cœur.
La chanson est le signal et l’interférence, le bruit. Tous vos amis sont démoralisés à cause du bruit, mais vous êtes le seul à garder le sourire, car vous restez concentré sur le signal.
C’est exactement la même chose pour les priorités. Ceux et elles qui se concentrent sur leurs priorités savent comment suivre le signal et ne pas se faire prendre par le bruit. C’est d’autant plus vrai pour quiconque souhaite réussir en affaires : il faut définir ses priorités et se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. Or, nos priorités entrent souvent en conflit avec la conciliation travail-vie personnelle. Il est donc essentiel de ne jamais en avoir plus que trois à la fois. Un leader doit absolument communiquer ses priorités à son équipe – il ne peut jamais trop le faire. Il éliminera ainsi les incertitudes et les ambiguïtés, et le moral de ses employés s’en verra grandement amélioré.
Séparez le signal du bruit. Connaissez vos priorités, sachez comment les communiquer et évitez les distractions. Ignorez l’interférence et continuez à chanter votre chanson préférée!
Suivez la recette : la discipline est la clé du succès
Disons que vous participez à un repas-partage organisé par votre ami ce weekend. Tout le monde apporte son plat favori, tout en faisant attention aux diverses restrictions alimentaires. Pour l’occasion, vous décidez de préparer un poulet cacciatore pour la toute première fois.
Allez-vous improviser ou suivre la recette? La plupart des gens suivront la recette, mais y ajouteront une petite touche personnelle.
Voilà un exemple illustrant que la discipline favorise la liberté. Les enfants se plaignent que leurs parents sont trop stricts. Les étudiants se plaignent de la structure inadéquate du cours et des échéances. Les employés se plaignent du fait que leurs supérieurs font de la microgestion et voient les indicateurs de rendement clés (IRC) comme une façon de contrôler leurs moindres faits et gestes.
Le point commun ici est la discipline, et je crois que nous devrions davantage accepter les forces externes qui nous l’imposent, comme les IRC, les échéances et les processus. Ces forces établissent une structure qui nous aide à affronter des obstacles. Une fois que nous avons internalisé cette structure, la discipline interne et la motivation suivent. Quand vous effacez de votre esprit l’ambiguïté et l’inquiétude, vous avez la liberté nécessaire pour vous concentrer sur ce qui compte vraiment.
Les gestionnaires sont en quelque sorte ceux qui organisent le repas-partage. Ils connaissent les plats préférés et les restrictions alimentaires de tout le monde (les forces et faiblesses de leurs employés) et vous donnent la recette à préparer (les systèmes et processus qui établissent une structure et une orientation). Si vous respectez la structure et l’orientation et faites preuve de discipline, vous disposez alors de la liberté de changer les choses.
Connaissances : écouter, poser des questions, parler
En accompagnant Gilbert lors de toutes ses réunions, j’ai appris à quel point un PDG devait connaître les détails du fonctionnement de son entreprise. Mon respect pour lui augmentait chaque fois que je l’entendais parler avec assurance de certaines activités précises, peu importe le secteur.
Il m’a ainsi montré sa capacité à obtenir une mine de connaissances et son grand leadership. Il savait exactement quand écouter, quand parler et quand prendre une décision.
C’est ainsi que j’ai appris une grande leçon sur le pouvoir des questions et de l’écoute active. Neuf fois sur dix, les gens possèdent l’information précise que l’on souhaite obtenir. Le problème, c’est qu’on pose trop souvent la mauvaise question.
« Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à définir le problème et 5 minutes à tenter de trouver la solution. » – Albert Einstein
Rien ne vaut mieux que de poser la bonne question. Dans une réunion, c’est l’un des moyens les plus respectueux et efficaces d’exprimer son opinion. On permet ainsi à l’interlocuteur de voir la réponse par l’introspection au lieu de lui dire.
Les difficultés en temps de crise : accepter le changement
Dans mon article précédent, j’ai parlé des occasions qui peuvent survenir en temps de crise et de la façon de contrôler le chaos qui nous entoure. Au cours des dernières semaines, j’ai constaté de mes propres yeux ce que représentait le leadership en temps de crise.
Quand la panique frappe, les gens se tournent vers des leaders qui ont un plan d’action. Ces derniers doivent rester optimistes, surtout dans les moments plus ardus. Il ne s’agit pas de nier les difficultés, mais il faut communiquer clairement à tous les moyens à prendre pour surmonter les obstacles. Il faut croire en soi et faire confiance aux gens qui nous entourent pour trouver ensemble les meilleures solutions. Gilbert et les autres membres de l’équipe de direction m’ont montré comment ils composaient avec l’incertitude. Ils ont accepté le changement et profité de la pandémie pour mettre en place plusieurs initiatives de transformation des activités. Ils ont énoncé clairement leurs priorités stratégiques et les ont communiquées aux employés. Ils sont restés optimistes, ouverts et disponibles pour ceux et celles dont la vie professionnelle était chamboulée.
En tant que leader, vous incarnez l’entreprise et ses valeurs, comme l’intégrité, l’honnêteté et le sens moral. Ce que les gens pensent de vous, ils le penseront de l’entreprise. Parfois, vous devrez prendre des décisions difficiles, qui vous feront perdre du sommeil.
Être un leader n’est pas chose facile, surtout lorsque le passage au télétravail nous fait réaliser que leadership peut être exercé de partout. Même s’il a toutes les données et analyses devant lui, un leader doit quand même prendre des décisions, malgré les risques. C’est tout le contraire de l’aéronautique, où tout doit être exact. C’est un monde où des chiffres et des calculs précis ainsi que et des formules élégantes vous amèneront à donner une réponse juste avec confiance.
Le leadership ne fonctionne pas comme ça.
Ce que j’ai appris sur Adecco
Adecco change des vies : grâce à elle, plus de 700 000 personnes par année se trouvent un emploi. Tout au long de mon stage, j’ai entendu des histoires très touchantes à propos de ceux et celles dont la vie a été transformée. Adecco aide les gens de tous les horizons à trouver un emploi gratifiant. C’est fou tout ce que j’ai appris sur l’industrie du placement et sur plusieurs aspects des activités et de la gestion d’une entreprise. Adecco est une entreprise axée sur les gens, qui les touche directement. Je me réveillais chaque matin avec le sourire aux lèvres, car je savais que nous les aidions à traverser des temps difficiles. J’ai été ravi de voir ce qu’Adecco faisait pour assurer la sécurité de leurs employés et les aider, ainsi que leurs clients.
Mot de la fin
Ce fut une expérience marquante. J’ai tellement appris que je dois ajouter de l’espace de stockage à Microsoft OneNote.
L’authenticité, la confiance, l’enthousiasme, le soutien et le mentorat de tout le monde chez Adecco, mais surtout de Gilbert, en disent long sur ce programme exceptionnel. J’ai forgé des liens et me suis trouvé des mentors et des amis. J’ai beaucoup appris sur moi-même, tant sur mes capacités que sur ce que je dois améliorer. Je serai éternellement reconnaissant d’avoir pu relever de tels défis et apprendre autant.
J’ai encore du mal à croire que Gilbert m’ait fait confiance à ce point. Je ne pensais pas pouvoir avoir autant de plaisir devant un écran. Il est un mentor exceptionnel et l’exemple parfait d’un grand PDG qui sait comment diriger une entreprise lors d’une période difficile.
Je recommande vivement le programme PDG pour un mois à tout le monde, peu importe votre champ d’études et vos centres d’intérêt. Vous apprendrez en un mois ce qui vous aurait pris des années – voire toute une vie – à apprendre. Quand j’ai posé ma candidature, je savais que j’avais environ une chance sur 3 600 d’être choisi. Je me disais que c’était impossible.
On ne sait jamais ce qui nous attend ni où nous aboutirons. Peut-être que la prochaine personne inconnue que vous saluerez deviendra votre meilleur ami ou votre douce moitié.
Tout ce qu’on peut faire, c’est se lancer. Le reste, on le saura bien assez tôt.